Le célibat géographique, quel impact sur le couple et la famille ?
Le célibat géographique pour le couple et pour la famille n’est pas une situation habituelle. Cette décision de vivre séparément est souvent le fruit d’une contrainte professionnelle. Il en résulte une discussion au sein du couple, où les avantages et les inconvénients de cette solution sont discutés. Seront privilégiées la stabilité du lieu de vie de la famille, les études des enfants, au détriment de la vie de couple. Ce n’est donc pas de gaieté de cœur que le couple choisi le célibat géographique : c’est un choix subi, imposé.
En tant que Français, s’expatrier à Londres est une vraie/fausse expatriation puisque l’Eurostar met Paris à deux heures trente de Londres. Aussi, la tentation du célibat géographique est-elle très forte, puisqu’au fond, à Londres vous êtes moins loin qu’à Marseille. Techniquement, il est tout à fait possible, grâce au télétravail, de passer quatre jours à Londres du vendredi au lundi et de travailler à Paris trois jours par semaine, du mardi au jeudi. Mais qu’en est-il des conséquences pour le couple et la famille ?
Célibat géographique et voyage d’affaires
Il convient de distinguer le célibat géographique, d’une vie faite de voyages d’affaires fréquents, même si dans les deux cas, il y a absence du conjoint pour une plus ou moins longue période. Lors d’un voyage d’affaires, il y a départ et retour dans un même lieu, le lieu où toute la famille vit ensemble : la maison.
Le célibat géographique, lui, impose le choix de vivre séparément dans deux lieux différents et de se retrouver tous ensemble à d’autres moments. La communauté de résidence de la famille n’existe plus car il y a deux lieux d’habitation complètement séparés. Généralement, le célibataire géographique est plutôt mal logé dans un très petit espace, et la famille dans un logement plus grand, ceci le plus souvent pour des raisons économiques. .
Même s’il n’est « jamais là », le voyageur d’affaires connaît des périodes où il voyage moins et surtout ses voyages obéissent à un rythme aléatoire, rythme décidé en fonction des besoins de l’entreprise. Dans le cas du célibat géographique, au contraire, il y a un rythme établi, fait de visites au lieu de résidence de la famille : tous les week-ends, tous les quinze jours, tous les mois…
Deux vies parallèles
Le célibat géographique impose donc, par sa stabilité, deux vies différentes : celle du célibataire géographique et celle de la famille. Le fait d’avoir un logement indépendant de la famille induit l’apparition de nouvelles habitudes, et pour le célibataire géographique et pour la famille.Par exemple, le célibataire géographique prend l’habitude en rentrant du travail de se relaxer, sans charges familiales, tandis que la famille s’organise un dîner autour d’un plateau repas. De même, le célibataire géographique s’est acheté un superbe écran de télévision dont tout le monde ignore l’existence tandis que la famille a changé de place le canapé du salon.
Même en communiquant chaque jour sur les différents événements familiaux, un fossé se creuse inévitablement, avec des moments et des souvenirs qui ne seront pas partagés. Ainsi, impossible de rattraper les premiers pas de la petite dernière ou encore l’anniversaire de l’aîné. S’installe alors souvent un quiproquo au sein du couple ou de la famille « Ah bon ? Tu n’es pas au courant ? Mais je pensais te l’avoir dit ? ». Et c’est sans compter avec les nouvelles relations sociales qui se créent de part et d’autre : certains nouveaux amis ne connaissent même pas l’autre conjoint.
Le célibataire géographique peut quant à lui ressentir une solitude terrible ; pas facile de se retrouver tout seul dans un studio ou encore de loger chez l’habitant. Il peut aussi se sentir exclu de la vie familiale, étranger à son propre couple. Du coup, insensiblement, deux vies parallèles s’installent et l’on s’éloigne petit à petit les uns des autres.
Les retours « à la maison »
Quand vient le moment de partager à nouveau une vie commune, beaucoup d’espoirs et de joies sont au rendez-vous. Néanmoins, la réalité est là et il faut parfois de quelques heures à une journée pour se réhabituer à une vie à deux, à une vie familiale. Il faut resserrer des liens qui ont été distendus, prendre le temps de s’apprivoiser à nouveau.
Et ceci ne va pas sans heurts. Que dire à son fils qui a pris l’habitude d’aller chez ses copains quand on est pas là tous les jours ? Que lui répondre quand il vous dit « de toute façon, tu n’es jamais là ! » ? Retrouver sa place de parent est parfois difficile ! Quant à la vie de couple, elle est aussi secouée ; le sacrifice consenti par l’un et par l’autre, pour accepter ce célibat géographique, peut parfois se transformer en reproches et en disputes de couple. Mais ce peut être aussi d’éblouissantes retrouvailles, où chacun s’est préparé et fait des efforts pour consolider le « Nous ».
Différents formes de célibat géographique
Un célibat géographique de quelques mois, destiné à faciliter la transition d’un lieu à un autre, est tout à fait supportable pour l’ensemble de la famille. Il s’agit pour le célibataire géographique de préparer l’arrivée de la famille, et pour la famille, de tranquillement faire ses bagages. Ce peut être également un célibat géographique déterminé pour une mission d’un an. Ce qui rend ce célibat géographique plus facile, c’est la perspective de se retrouver à nouveau tous réunis : ce célibat n’est que transitoire.
Quand le célibat géographique est programmé pour une ou plusieurs années, cela semble être beaucoup plus risqué pour le couple et la famille. Il s’agit notamment du célibat géographique imposé par les conditions de vie du lieu d’accueil. C’est souvent le cas pour des personnes travaillant dans des pays où la sécurité des personne et des biens n’est pas assurée, ou encore pour des personnes devant vivre dans des « Bases-Vie » telles que des plate-formes pétrolières. Le seul moyen d’arriver à garder une vie de couple et familiale préservée, malgré ces séparations de plusieurs années, est certainement la faculté à se créer des moments de retrouvailles surprises. Il s’agit de rompre la routine, le rythme des retrouvailles obligatoires et d’installer des relations plus spontanées. Le risque d’un célibat géographique prolongé est bien évidemment la rupture du couple, pas par manque d’amour mais tout simplement par manque de vie commune. « Loin des yeux, loin du cœur » est malheureusement un dicton qui se confirme souvent.
Le célibat géographique, une opportunité ?
L’une des conditions pour que le célibat géographique puisse se vivre le plus agréablement possible, est certainement l’existence définie à l’avance, d’une durée fixe et d’une date de retour.
Le célibat géographique, s’il est court, peut être une excellent opportunité puisqu’il conduit le couple à s’interroger sur la solidité de son amour. Un célibat géographique permet au couple de sortir de la routine, de resserrer les liens : c’est le moment de se remettre en cause et de réaménager le « Nous » . C’est également un vrai défi, une nouvelle aventure pour la famille puisque le modèle familial est bousculé et qu’il va falloir en réinventer un autre autour de ces moments de présence et d’absence.
En revanche, un célibat géographique prolongé représente une prise de risques importante.
Aussi, avant de vous lancer dans la décision d’un célibat géographique, assurez-vous, pour le bien-être de votre couple et de votre famille, que celui-ci a une durée déterminée. S’il y a un espoir de retour à une vie commune à terme, alors le couple et la famille peuvent endurer la souffrance de la séparation car des projets futurs communs sont là pour donner un sens à ce sacrifice.
Si le célibat géographique est prévu pour une durée indéterminée, il convient alors de s’interroger sur la capacité du couple et de la famille à assumer un tel risque de séparation. Parfois, il vaut mieux déménager tous ensemble, même si ce n’est pas très facile et agréable, plutôt que de voir le couple et la famille se séparer définitivement.