Même si le titre laisse à penser qu’il s’agit de témoignages sur le traumatisme lié aux attentats, l’ouvrage de Violaine-Patricia Galbert, qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob et qui est préfacé par la déléguée interministérielle de l’aide aux victimes, s’adresse à tout le monde, insiste l’auteure. “Il sert aux personnes confrontées à la mort de près comme de loin”, que ce soit après une crise cardiaque, une agression, une catastrophe naturelle, un accident de la route… L’idée d’écrire Vivre avec une victime d’attentat est née du fruit du travail de son soutien psychologique auprès notamment des Français touchés par les attaques terroristes de Londres, mais aussi de Paris et Nice.
“Je ne voulais pas faire un livre de témoignages mais plutôt quelque chose de pratique pour répondre aux questions que certaines personnes pourraient se poser après avoir vécu un traumatisme”, explique Violaine-Patricia Galbert. Le choix de se concentrer sur les proches des victimes était aussi motivé par le fait qu’ils étaient finalement peu entendus alors qu’eux aussi pouvaient être victimes des dommages collatéraux d’un accident ou d’un attentat. “Ils ne parlent pas, car ils se disent : ‘De quel droit j’aurais la parole alors que l’autre souffre ?’ Il y a une forme d’auto-censure. Mais aussi de honte, de culpabilité à parler de souffrance, mais ils peuvent avoir besoin autant de soins psychiques que les victimes directes elles-mêmes”.
De Paris à Londres
La conseillère conjugale et familiale a écrit cet ouvrage après avoir travaillé auprès des rescapés français des différentes attentats terroristes de Londres. Elle avait quitté Paris en juin 2015 pour Londres pour “retrouver une seconde jeunesse” et lancé son cabinet en septembre de la même année où elle proposait ses services aux familles expatriées pour les aider à affronter les challenges de la capitale anglaise : travail, solitude, problèmes de couple… Deux mois après son installation, son téléphone sonne. C’est l’attaché de défense de l’Armée de Terre qui avait donné son contact au Consulat pour qu’elle puisse prendre en charge – bénévolement – les ressortissants français vivant à Londres et rescapés de l’attentat du Bataclan à Paris en novembre 2015.
Si Violaine-Patricia Galbert a été contactée, c’est parce qu’elle a de l’expérience dans le domaine. Ancien assesseur auprès du tribunal pour enfants de Paris, mais aussi ex-conseillère du Chef d’état-major de l’Armée de Terre pour le soutien psychologique des familles de militaires, elle fut également lieutenant-colonel de la Réserve Opérationnelle, où elle a formé le personnel des cellules de crise régimentaires et participé au soutien des familles de blessés physiques et psychiques ainsi que des familles de décédés lors des opérations extérieures en Afghanistan, au Mali et en République Centrafrique.
Une ex-rescapée au secours des victimes
Son CV ne s’arrête pas là : la Française s’est aussi investie auprès de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale et a monté une association pour les victimes et rescapés pour les accompagner sur la partie thérapeutique. “J’avais envie de faire quelque chose de positif après ce qu’il m’était arrivée”, expose Violaine-Patricia Galbert. En effet, la Française – et ses enfants – est elle-même une rescapée : elle a échappé à la mort lors du Tsumani de 2004 en Thaïlande.
Un événement qui la marquera à jamais, tout comme deux autres, remontant à son enfance. A 8 ans, elle expérimente en effet le traumatisme de la perte brutale de son grand-oncle et sa grande-tante dans un accident de la route. Puis entre ses 12 et 22 ans, elle accompagne sa mère atteinte d’un cancer du sein. Le choc, la douleur et comment y faire face, Violaine-Patricia Galbert sait donc ce que c’est.
C’est pourquoi son expertise a été la bienvenue pour prendre en charge les ressortissants français victimes du Bataclan en 2015, mais aussi de Nice en 2016. Mais aussi lors des deux attentats terroristes qui ont frappé Londres en 2017, à quelques semaines d’intervalle et durant lesquels des Français avaient été blessés ou tués. “Pour l’attaque de Westminster, j’ai reçu un appel à 7pm pour me demander de m’occuper du deuxième groupe d’adolescents français” qui avaient vu leurs camarades se faire percuter de l’autre côté du pont. Pour l’attentat du London Bridge, elle s’est rendue dans les hôpitaux pour voir les victimes et aider les proches.
A la suite de ces événements, fut créée en mai 2018 une cellule de soutien psychologique d’urgence (CSPU) pour faire face à ce genre de situation et composée de 10 personnes avec des médecins, un psychiatre, un psychologue et un coordinateur. “Les conséquences post-traumatiques peuvent intervenir des mois ou des années après, autant pour les victimes directes qu’indirectes. Elles se traduisent de différentes manières, comme des angoisses, du stress aigu, des insomnies, des sautes d’humeur… Des choses qui peuvent s’installer dans la vie quotidienne. Quand on me pose la question : est-ce qu’on guérit d’un traumatisme ? Je réponds, non, on apprend juste à vivre avec”.
Avec son livre Vivre avec une victime d’attentat, Violaine-Patricia Galbert, qui sera en dédicace à la Librairie La Page samedi 16 mars à 2pm, essaie justement d’expliquer tout cela.