– Juin/Septembre 2016 – Le Bac, un stress familial (p.47)

Le bac est un des enjeux majeurs de notre vie, un rituel de passage qui marque la fin de l’enfance et le début de la vie de jeune adulte. La principale crainte aujourd’hui n’est plus de réussir le bac mais de savoir quelles notes, quelle mention seront obtenues car c’est la condition indispensable pour intégrer une classe préparatoire ou entrer dans une prestigieuse université. Du coup, la pression et le stress deviennent très importants car l’enjeu du bac engage la future vie professionnelle.

I. Un stress collectif qui se propage entre tous les membres de la famille

Le stress en lui-même est normal mais il faut distinguer le bon du mauvais. Le bon stress (la peur de ne pas réussir) est un moteur qui va pousser à prendre des mesures efficaces afin de palier les lacunes éventuelles et réussir l’examen. En revanche, le mauvais stress (je n’y arriverai pas) est destructeur et paralysant car il est fait de paniques et d’angoisses. Gérer le stress paralysant consiste à examiner ses peurs une par une afin de tenter de leur trouver une solution.

Grands-parents, parents, frères et soeurs, tout le monde passe le bac : chacun y va de ses bons conseils pour gérer le stress. Cela devient un problème groupal, le stress de l’un engendreant celui de l’autre. Le stress familial commence par le stress des parents qui voient dans la réussite du bac une sanction à leur bonne ou mauvaise éducation. Du coup, durant les mois qui précèdent l’examen, les parents mettent la pression pour une réussite à tout prix.

Cette pression vient elle-même ensemencer les craintes du futur bachelier qui se voit chargé d’un stress supplémentaire : être la fierté des parents. D’un examen, cela devient un enjeu d’estime de soi et de fierté familiale. La vraie angoisse, c’est de rater son bac, d’être un « loser », une honte pour sa famille.

Que dire des frères et soeurs ? Eux aussi vont souffrir du stress parental. Durant l’année du bac, la vie familiale s’arrête. On part moins en vacances au profit des révisions du futur bachelier, et surtout il ne faut pas perturber l’équilibre familial avec ses propres émotions, difficultés ou problèmes. La fratrie peut ressentir de l’abandon car toute l’attention est portée sur le bac et cette pression de réussite.

Grands-parents, oncles et tantes, personne n’est en reste puisqu’invariablement les questions vont être « Quelles sont les notes ? Le bac blanc, ça s’est passé comment ? Quand sont les résultats ? »

II. Comment gérer ce stress familial ?

Tant que le bac n’est pas passé, on ne sort pas de ce stress. Il faut donc apprendre à le gérer et pour cela, la famille doit se comporter comme une équipe pour soutenir, encourager le futur bachelier. C’est à la famille de donner l’exemple en gérant son stress et en absorbant celui de l’élève. La famille doit être un lieu de ressource, pas un lieu de pression ou de jugement.

Pour diminuer l’impact du stress , il faut oser parler en famille de la peur de l’échec au bac et de l’impossibilité de l’accès aux bonnes universités ou prépas en raison de notes trop faibles ou d’absence de mention.

La famille doit se comporter comme un entraîneur qui garde espoir jusqu’à la dernière minute. Il faut être un partenaire optimiste, calme, apaisant, soutenant même si on est mort de peur, même si on est convaincu que « c’est foutu ».

Gérer le stress familial, c’est aussi donner confiance à son enfant. Plutôt que de mettre la pression pour obtenir plus de performances, il vaut mieux renforcer son estime de soi. La famille doit faire preuve d’amour inconditionnel, de lâcher prise et de bienveillance : dites à votre enfant que vous l’aimerez quoi qu’il arrive.

Bien évaluer le potentiel et les limites de son enfant sont aussi un outil de gestion du stress. Du côté parental, il s’agit peut-être de revoir ses ambitions, de s’adapter aux capacités de son enfant. Le but de l’éducation n’est pas la réussite aux examens mais plutôt d’encourager les compétences de son enfant pour favoriser son épanouissement personnel et en faire un adulte capable d’être en relation avec les autres.

Enfin réduire le stress passe par remettre les choses en perspective en cas d’échec. Eduquer, c’est aussi apprendre à son enfant à gérer l’échec et à l’accepter pour en tirer des enseignements pour le futur. L’incertitude étant source de stress, il est également nécessaire d’avoir prévu un plan B en cas d’échec au bac. Anticiper toutes les situations, y compris l’échec, permet de réduire les peurs.

Au fond, le secret pour aider son enfant à réussir son bac, c’est paradoxalemement d’arriver à gérer son propre stress pour éviter de mettre la pression. L’amour, la confiance et l’espoir seront des atouts bien plus précieux que le stress et la peur.