Triste rentrée, tous mes amis ont quitté Londres

Tous mes amis ont quitté Londres, je fais partie de ceux qui restent. Je pensais être capable de surmonter ce départ car je sais bien que le destin de l’expatriation est de voir ses amis partir à tout moment pour un autre pays.

Le deuil de mes amis

C’est la rentrée: l’effervescence, l’agitation et pourtant le cœur n’y est pas, mes très bons amis ne sont plus là, ils ont quitté Londres cet été. Fini les retrouvailles après l’école, les dîners tous ensemble, je repasse devant leur maison vide… Je suis triste, j’ai le goût à rien, tout est lourd, difficile: une vraie corvée, cette rentrée. Que m’arrive-t-il? Vous êtes tout simplement en deuil, un deuil qui comporte cinq étapes qui peuvent se vivre dans n’importe quel ordre. Tout d’abord, le déni qui consiste à ne pas vouloir accepter la réalité telle qu’elle est: «C’est juste un mauvais rêve, ils sont encore en vacances, ils vont revenir». Ensuite, vient l’étape de la colère: «Ce n’est pas juste, j’ai perdu ma meilleure copine», «Je déteste l’expatriation». Puis, le marchandage, qui consiste à réécrire l’histoire en sa faveur pour retrouver du pouvoir dans cette situation douloureuse en utilisant le «Si …», se fait jour: «Si j’avais mieux fait marcher mes relations, il/elle aurait retrouvé du travail à Londres et ils ne seraient pas partis», «Si il n’y avait pas eu le Brexit, je n’aurai pas perdu mes amis». Et voici l’étape de la dépression dans laquelle vous vous trouvez actuellement: «Je suis toute seul(e), je me sens abandonné(e)», «Je ne retrouverai jamais des amis comme cela, la vie sans eux est triste». La libération du deuil arrive avec l’acceptation: «Ce sont mes amis à vie; peu importe qu’ils habitent à des milliers kilomètres».

Le chagrin

Acceptez cette nouvelle solitude, prenez le temps de pleurer parce que c’est une vraie rupture, un vrai chagrin. Malgré la bonne volonté de tous, il n’est pas sûr que vous vous revoyiez un jour. «Loin des yeux, loin du cœur», c’est malheureusement cela la vérité, et inconsciemment vous la redoutez. On se promet de se revoir, on se téléphone, on s’écrit et plus le temps passe, moins les liens sont forts: on ne partage plus le quotidien avec ses petits tracas. Face à ce vide, il faut choisir, décider et accepter de vivre de nouvelles relations: c’est un véritable effort que de s’ouvrir à de nouvelles rencontres car vous avez perdu l’habitude de faire des rencontres; il vous faut tout réapprendre, oser dire bonjour, se présenter, engager une conversation… Certes, au début, la relation ne sera pas aussi gratifiante qu’avec vos amis mais laissez les choses se faire petit à petit, laissez le temps au temps. Souvenez-vous, avec vos amis au début, rien ne prédisait que vous seriez liés comme les dix doigts de la main!

Oser prendre le risque de vous lier à nouveau

Acceptez de rencontrer, de prendre le risque de vous lier à nouveau sans avoir peur de souffrir. Le pire qu’il puisse vous arriver, c’est de bouder, de rester chez vous à ressasser les bons moments et à broyer du noir. Vous accrocher désespérément à WhatsApp, à Skype pour échanger avec vos amis n’est pas une solution car vous vous rendrez bien vite compte que ce n’est pas pareil que le contact physique. La relation continue mais elle change, moins de quotidien, moins d’intimité, moins de complicité. Donc suivez mon conseil: pleurez autant que vous le souhaitez, sentez-vous abandonné(e) car c’est bien réel, puis commencez à sortir de nouveau, à inviter de nouveaux arrivants, à tisser des liens avec des personnes que vous ne connaissez pas bien: une nouvelle amitié est à votre portée.