En amour, les Français et les Britanniques sont-ils compatibles ? Quels sont les conseils à suivre ou les faux pas à éviter pour mettre un Anglais ou une Anglaise dans son lit ? Les réponses de Violaine-Patricia Galbert, conseillère conjugale et thérapeute de couple.
La route vers l’amour est pavée de bonnes intentions…
Et celles-ci sont souvent mal comprises. Français et Britanniques ne procèdent pas de la même manière pour aborder, séduire et conclure. Attention donc aux signaux mal compris et aux gestes déplacés. Comme nous l’explique Violaine-Patricia Galbert : à Londres, la mini-jupe, le décolleté plongeant et le baiser à pleine bouche ne sont pas des invitations sexuelles. Quiconque ose une approche un peu trop tactile risque de se retrouver accusé de harcèlement ou d’agression sexuelle. « Les Britanniques ne vont pas vous toucher. Ils ne vont pas vous prendre la main pour voir si ça fonctionne ». Contact physique limité, donc. Regardez dans la rue. Vous en voyez beaucoup, des couples qui s’embrassent ou se tiennent par la main ? Sûrement moins qu’en France ou que dans les pays latins en tout cas.
Les « spécificités anglaises », comme les appelle Violaine, sont aussi nombreuses qu’importantes. « Déjà, à Londres, on ne reçoit pas chez soi. Jamais. » Un Français qui invite un(e) Britannique à prendre un verre à la maison risque de se prendre un râteau.
Draguer à Londres ou l’inversion des rôles
Pour Violaine, c’est clair : « l’homme anglais ne fera jamais le premier pas ». Ne vous attendez pas à recevoir des compliments, ni à croiser le regard de l’autre. Ici, c’est à la femme de provoquer la rencontre et de proposer un premier rendez-vous. Quitte à boire pour se désinhiber. Anglais et Anglaises « boivent pour se donner du courage », explique Violaine. Le problème de beaucoup de pubs, c’est qu’on ne s’entend pas. On vous suggérera plutôt un bar d’hôtel, plus tranquille pour engager la conversation.
Où aller à la pêche aux British
Ce qu’il faut savoir, c’est que la hiérarchie au bureau est peu propice aux rencontres amoureuses. On ne drague pas ses collègues. Le mieux, c’est l’afterwork au pub, où les Britanniques se rendent en bandes. Femmes d’un côté, hommes de l’autre. Souvent, ce sont des amis d’école, rencontrés en pension. Et les groupes ne se mélangent pas. Sauf éventuellement au mariage – et encore, on aura les demoiselles d’honneur d’un côté, les best men (témoins) de l’autre. Ils organisent pour leurs amis des blind dates, ces rendez-vous à l’aveugle. « Très chic, le blind date », pour Violaine. La seule condition, c’est d’avoir des amis qui côtoient des gens célibataires et qui peuvent vous présenter… et de se faire à l’idée que vos amis seront au courant de vos moindres faits et gestes, puisque c’est à grâce à eux que vous obtenez vos rendez-vous.
Avouons-le, trouver l’amour anglais peut vite se transformer en chemin de croix. Déjà, parce que selon Violaine, la diversité de Londres fait qu’on rencontre finalement peu d’autochtones. L’homogamie entre expatriés n’arrange rien. Ensuite, parce que, notamment chez les jeunes, la course vers la réussite prend systématiquement le pas sur la vie sentimentale. « Si vous regardez dans la City, il y a un paquet de bêtes de concours qui ont perdu pied avec la réalité humaine, et qui ne vivent qu’à coups de primes, emmurées dans leurs tours de verre dont elles ne descendent que pour acheter une salade à midi ». Ces hommes et ces femmes à très haut potentiel ont fait de longues études, ont peu de temps libre et oublié comment rencontrer des gens. « La première fois que l’un d’eux m’a expliqué son rythme de vie, j’étais scotchée. Ils se rendent compte après-coup que leur vie est peu enviable. Qu’acheter de plus qu’une Ferrari, des œuvres d’art et des tenues de grands couturiers ? ». Pour Violaine, c’est la course au succès qui relègue l’amour et les amitiés au second plan.
Comment déclarer sa flamme ?
« Les British ne sont pas expansifs. Ils ne se répandent pas, ils restent dignes », explique Violaine. La si célèbre stiff upper lip est de rigueur en amour (comprenez : restez de marbre). Méfiance donc lorsqu’on s’entend dire « My love » ou « sweetie » : ce sont des termes d’affection amicale, pas d’amour passionnel. Idem pour le « hug », qui reste un signe d’amitié et non une technique de drague. Pour Violaine, Français et Britanniques n’ont pas la même constitution émotionnelle. Les Français sont francs, directs et expansifs. Les Britanniques réservés, polis. Qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, c’est « So far, so good ».
Dans le couple britannique, c’est pareil. « Le couple anglais n’est pas un couple fusionnel comme on l’entend chez nous. C’est une association, où le « nous » prend une place réduite. On dit de la monarchie britannique que c’est une firm – un cabinet – et c’est vraiment ça. C’est une entreprise qui doit tenir, donc on fait tout pour la faire marcher. L’amour est secondaire. On pond des enfants, on achète une maison et un labrador ». Malgré ce manque d’épanchements, le compliment à la française fait recette dans le monde de la drague. « Le compliment, c’est justement ce que les femmes anglaises trouvent extraordinaire chez les Français », dit Violaine.
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A quoi ressemble l’archétype de l’homme anglais ? Le stéréotype a peu évolué depuis 50 ans. Et il reste vivant, grâces aux princes William et Harry (le dernier peut se targuer d’avoir une réputation de bad boy, en plus d’un titre princier). Le British imaginaire a une queue-de-pie, un verre de whisky à la main et des formules de politesse sur le bout de la langue. Et il imagine la femme française comme une créature élégante, raffinée, au summum du chic parisien. C’est la femme-égérie, la créature au porte-cigarette et au rouge à lèvres impeccable. La femme anglaise, elle, est dans l’imaginaire français, une fille facile, souvent désinhibée par l’alcool et court-vêtue. Elle rime avec crop-top-leggings, pintes pas chères et amours furtives. Et rêve d’un beau Français – de préférence de Pawis, la ville de l’amouw. Il est galant, bien habillé et a un esprit peu entaché par sa franchise presque brutale.
Raviver la flamme à Londres, c’est possible ?
Pour faire bref, oui, et c’est important pour ne pas tomber dans la routine. Violaine conseille par exemple de faire garder les enfants et de passer une nuit à l’hôtel. Vous trouverez beaucoup d’endroits peu onéreux à moins d’une heure de Londres : des établissements avec spa, piscine ou golf.
Pour les plus aventureux, on suggère un week-end en Airbnb, à profiter des bons conseils de son hôte et des grasses matinées cocooning. Mais que faire au quotidien ? Dans son métier, Violaine croise beaucoup de couples qui ne sont plus que des parents ou partenaires vivant à la même adresse. La séduction a disparu. Elle prévient : « la séduction, ça commence par faire attention à soi ». Halte aux habitudes pantouflardes et au laisser-aller vestimentaire le week-end. Aimer l’autre, c’est savoir lui montrer qu’on fait attention à lui. Comme le dit sagement Violaine, il ne suffit pas de s’aimer pour faire couple. Une aventure à deux, ça se cultive, ça s’entretient à coups de petites attentions.